Les Friches urbaines
La vie culturelle et médiatiques des friches urbaines (2022-2023)
Aujourd’hui, à Berlin, à La Havane, à Détroit ou à New York, la réappropriation de parcelles en friche, de ruelles, de cours ou de toits est courante et participe au déploiement de nouveaux espaces communs (McClintock, 2010). Dans ce projet, nous nous intéressons à la production culturelle et médiatique accompagnant les friches urbaines dans le sud-est de Montréal. Actuellement, 35 millions de pieds carrés de terrains sont laissés vacants dans l’est de Montréal, un territoire postindustriel où les parcs sont rares et l’offre culturelle moins riche que dans les autres quartiers. Le verdissement, le place making ou encore l’occupation culturelle et artistique se développent dans ces friches montréalaises.


Le mouvement récent des communs culturels, les tiers lieux, les espaces publics transitoires ou éphémères, le design participatif, ou encore la créativité inclusive participent d’une spatialisation changeante et renouvelée du champ de la culture.
La culture n’y est plus réductible au seul champ des équipements culturels officiels alors qu’elle s’inscrit de plus en plus profondément dans le tissu urbain. On peut penser aux concerts sur les toits, aux pièces de théâtre dans des stationnements souterrains, aux festivals dans des micro-espaces interstitiels, à des programmations artistiques dans des ruelles, etc. Bref, une expérimentation intense « hors les murs » est en branle : « Les friches culturelles sont une des manifestations notables de ce mouvement urbain de la culture qui transforme […] le paysage culturel en faisant des différentes composantes de la ville (rues, places, murs, vitrines, trottoirs, monuments, édifices publics ou privés) des éléments constitutifs du dispositif culturel. » (Poggi et Vanhamme, 2004, p. 38). Les processus et actions qui participent à ce phénomène relèvent de tactiques (de Certeau, 1981), de revendication du droit à la ville (Lefebvre, 1974; Harvey, 2003), d’expérimentation artistique et d’urbanisme tactique (Lemoine et Ouardi, 2010), de préoccupations écoresponsables (Babou, 2020), mais sont également tributaires d’un travail médiatique articulant « old and new media » (Georgiou, 2008, 2013) façonnant l’espace, la mobilisation et l’occupation. Dans ce projet, nous voulons comprendre comment les friches s’individualisent en tant qu’espaces de production culturelle et médiatique.